Trop jeune pour être mère

Un jour, on lui annonce qu’elle va devenir maman. Elle est partagée entre joie et peine parce que deux jours avant son anniversaire, elle a du prendre la décision la plus difficile de sa vie. Le garder signifiait arrêter ses études qu’elle a tant eu de mal à reprendre par le passé, trouver de l’argent pour s’occuper de son bébé tout en travaillant pour subvenir à ses besoins et ceux de son enfant, changer d’appartement et quitter son studio d’étudiante pour prendre un logement plus grand, et adapté à la vie d’une jeune maman. Pourquoi ne vivrait-elle pas avec son copain qui n’était pas son fiancé ni même son mari et dont la famille ne savait pas encore qu’elle existait ? Peut-être parce que tout le monde ignorait son existence. 

Deux solutions s’offraient à elle. Elle pouvait avorter et mettre fin à cette grossesse non désirée et qui pourtant continuait de se développer. Elle lui semble être la mieux adaptée. Elle prend rendez-vous dans un centre de planification familial, ce centre dont on a tant entendu parler, qui passait dans les collèges pour faire des interventions sur les différentes contraceptions et qu’on ne prenait jamais au sérieux parce que finalement, “on le sait déjà tout ça, pourquoi nous le rappeler” 

C’est ce même centre qui l’accueille à bras ouverts et qui lui fait remplir des tonnes de paperasses pour parfaire son dossier. Elle finit par rester une heure avec une conseillère conjugale à discuter des choix qui se présentent à elle. Au plus profond d’elle-même sa décision est déjà prise, mais elle se demande quand même si elle ne finira pas par le regretter. Elle se met à douter. 

C’est avec un nœud à l’estomac qu’elle se rend dans cet hôpital et qu’elle se retrouve entre ces murs blancs fraîchement repeints pour certains, et quelque peu usés pour d’autres. Elle peut sentir le carrelage traverser ses chaussures, elle pose les pieds bien à plat sur le sol, le dos droit, le menton relevé. L’angoisse s’empare de tout son corps mais elle ne le montre pas. Elle est assise sur les fauteuils de la salle d’attente en attendant que le médecin l’appelle.  

– Caroline ! 

Elle se lève difficilement, les larmes commencent à couler. Caroline, c’est elle, c’est à son tour de passer. Elle suit l’infirmière dans une salle, jusqu’au bout elle doute de l’acte qu’elle était en train de commettre. Elle ferme les yeux quelques secondes et prend pleinement conscience que sa vie est sur le point de basculer. Il est 16 heures, le temps pour elle d’avaler ce foutu comprimé. 

Elle revient deux jours après, dans ce même hôpital dans lequel on lui a réservé une chambre avec vue sur le parc. Elle y reste en observation pendant 4 longues heures avant de rentrer chez elle en songeant aux dernières 48 heures qui viennent de s’écouler. On lui dit qu’elle ne doit pas rester seule pendant les prochaines 24 heures qui seront décisives à son rétablissement. Elle pleure, sans doute, en se disant que de toute façon c’est mieux ainsi, qu’elle a déjà du mal à s’occuper d’elle. De toute évidence, elle n’était pas prête à devenir mère. 

Crédit photo : Enrique Meseguer sur Pixabay

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